Mon arrière-grand-mère maternelle a émigré en Pennsylvanie. Venue d’une petite ville tchèque à l’est de Prague appelée « Chvaletice », son nom était Marie Babicka (née Bezdek) et c’était l’ainée d’une famille nombreuse. À 12 ans, lorsque sa mère est décédée, Marie dû quitter l’école. Son père se remaria et Marie s’occupait des tâches ménagères et du soin de ses plus petits frères et sœurs. Un peu comme Cendrillon. Je me souviens de peigner ses longs cheveux argentés, qu’elle tressait pour ensuite les coiffer en chignon. Mes frères et moi nous l’appelions « Grand-maman d’en bas », comme sa fille, notre « Nana », vivait au deuxième étage de la même maison.
Quand j’avais cinq ans, ma grand-mère commença à me donner des conseils. Elle me disait « apprend à cuisiner et tu auras toujours un homme avec toi », « ne sois pas une dévergondée » et bien d’autres choses du genre. J’adorais être avec mon arrière-grand-mère et j’étais émerveillée par toutes les habiletés qu’elle dominait: cuisiner (elle faisait tout, de l’entretien du jardin, à l’élevage des dindes et des animaux, jusqu’à la préparation de bons plats qu’elle servait ensuite) coudre, broder, l’horticulture. Elle gérait aussi un magasin de sucreries après que mon arrière-grand-père eut perdu la vue à la suite d’un accident. Tout ça en plus d’élever six enfants et de faire son pain maison. Grand-maman Babicka était une boulangère extraordinaire. Je retenais mon souffle quand elle mettait sa belle miche brune sur sa poitrine et commençait à couper le pain. Wôw!
Mon arrière-grand-mère est décédée lorsque j’avais sept ans. C’était la première fois que j’étais consciente que je perdais un membre de ma famille. C’est alors que j’ai commencé à « l’entendre » elle, mais aussi ma Nana qui habitait à Pittsburgh. Je pouvais comprendre l’information que mes grand-mères s’échangeaient. À cette époque, ma famille immédiate vivait à Chicago, à quelque 750 kilomètres de Pittsburgh. Au cours de mon primaire, je transmettais des messages de « l’au-delà » à mes camarades de classe et à mes professeurs. J’ai rapidement compris que ce que je faisais était inacceptable. Ne voulant pas être « différente », j’ai cessé de partager ces communications avec les autres. Je continuais à percevoir les messages d’autres guides et esprits, mais je ne percevais plus les messages de grand-maman Babicka jusqu’à ce que je déménage à Montréal en 2012.
Notre déménagement au Canada a été pavé d’embuches. J’attendais mon permis de travail et les employés de bureau de l’immigration ont déclenché une grève. Le temps de traitement pour mon permis de travail passa de trois semaines à deux ans. Du fait de cette grève, le travail qui m’amenait au Canada n’était plus disponible. Je me souviens de quand je me suis assise, la tête entre les deux mains, en me demandant à voix haute « Maintenant, je fais quoi? ». Et j’ai entendu une réponse à ma question: « Utilise tes mains ». Je pouvais deviner les mains solides de mon arrière-grand-mère pétrissant une grosse boule de pâte. Je lui demandai « Comment je peux être certaine que c’est toi. » Elle me répondit « Quand tu iras dehors et que tu verras des pièces de monnaie sur le sol, c’est moi ». Le jour suivant, je sortis pour promener le chien, il pleuvait, tout était mouillé. Tout à coup, j’entendis « Maintenant! Regarde! » J’ai regardé par terre et j’ai trouvé une pièce de deux dollars dans la boue. Elle n’était pas sale ou mouillée! À partir de ce moment, mon arrière-grand-mère et moi entretenons une communication continue. Elle m’informe et me guide pas à pas dans mes recherches d’une vie heureuse et significative.
C’est véritablement possible de trouver des réponses à nos dilemmes et à nos drames. Que ce soit par l’entremise d’une communication avec une grand-maman qui n’est malheureusement plus parmi nous, ou grâce à notre propre sagesse intérieure. Même pour les personnes n’ayant jamais senti ce type de communication, c’est possible d’apprendre. Les êtres humains sont naturellement programmés pour percevoir toute l’information existante. Nous pouvons apprendre à tout percevoir. Le premier pas, c’est d’y croire.